Dans un futur relativement proche, la dégradation du climat a poussé les habitants à quitter les campagnes pour se regrouper dans des mégalopoles. Loé est resté seul avec sa famille dans un coin isolé, et la solitude commence à le peser. L'adolescent rêve plus grand que les carcasses de métal qui l’entourent. Sa rencontre avec un robot géant échoué, Aristillus, devient une quête, autant pour sauver sa famille que pour trouver sa place dans un monde cabossé. Pourtant, tout le monde ne voit pas d'un bon œil son projet de remettre sur pied l'androïde, oscillant entre jalousie et crainte d'un passé révolu ...

Dans Polygone, Antoine Pedron nous embarque dans un récit de science-fiction qui sent le sable brulant et la rouille des vieux moteurs. Derrière la mécanique et les tempêtes, ce sont les relations familiales, la peur de l’inconnu et le désir de croire encore en l’avenir qui alimentent le scénario. Une histoire simple dans sa trame, mais profonde dans ses échos émotionnels. Graphiquement, c’est un festin visuel. Les couleurs éclatent dans des dégradés violets, roses et jaunes qui transforment chaque planche en expérience immersive. Les ambiances oscillent entre chaleur écrasante et magie lumineuse, donnant au récit une respiration presque cinématographique. On sent que l’auteur aime explorer la matière visuelle, en multipliant les idées graphiques qui frappent l’œil autant qu’elles servent l'émotion. Certaines compositions laissent bouche bée, et le contraste entre paysages vastes et intimité familiale est particulièrement réussi. Même si la fin peut surprendre par sa brièveté, l’essentiel reste : la sensation d’avoir découvert une voix prometteuse, capable d’assembler l’intime et le spectaculaire avec une vraie sensibilité.