Contrapaso tome 2 : Pour adultes, avec réserves
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 12 Septembre 2025
Résumé | Test Complet
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Développeur :
Genre :
Bande dessinée
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Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Redaction


8/10

Scénario et dessin : Teresa Valero

Ce nouveau chapitre se plonge dans le thriller journalistique qui se déroule en 1956 en Espagne, au plus fort de la dictature franquiste, où le marché noir, la censure et la spéculation immobilière s'entremêlent dans une intrigue mêlant crime et mémoire historique. Valero  place à nouveau ses personnages – Emilio Sanz, León Lenoir et Paloma Ríos – au cœur d'une enquête qui débute cette fois par le meurtre d'un censeur de l'Église, retrouvé mort dans un fauteuil de cinéma, une pellicule dans la bouche. Un début symbolique et dérangeant qui donne naissance à une histoire pleine de contrastes, de satire, de dénonciation et de tendresse. Selon les propres mots de l'auteure, le cinéma était « une arme formidable de propagande et de contrôle social, mais aussi de résistance sociale ». Cette dualité fait de l'industrie cinématographique des années 1950 le cadre idéal pour refléter les conflits culturels, les rêves brisés et l'endoctrinement voilé par le divertissement. L'intrigue ne se concentre pas uniquement sur le crime et le mystère, mais dresse également un tableau complet de cette époque, où l'arrivée du tourisme, l'essor d'Hollywood et la corruption urbaine se mêlent à la misère quotidienne. Valero résume la situation par une image puissante : « On voit une Rolls-Royce avec un chiffonnier et son âne à côté. »

L'un des aspects les plus plébiscités de l'œuvre est la profondeur émotionnelle de ses personnages. La relation entre León et sa cousine Paloma, marquée par le refoulement émotionnel et les contraintes sociales de l'époque, reflète une intimité empreinte de tendresse et de tragédie. Le personnage de Gomi est également remarquable, figure maternelle qui porte aux jeunes protagonistes une affection plus profonde que celle de leurs propres parents. Valero souligne que ces femmes étaient des piliers invisibles dans de nombreuses familles, essentiels à la stabilité émotionnelle de générations entières. Pour construire son récit, Valero s'appuie sur une documentation rigoureuse. Elle raconte comment elle a utilisé des entretiens avec des photographes contemporains, comme César Lucas, pour obtenir des détails précis sur les fêtes au Castellana Hilton ou la distance à laquelle le dictateur était visible. Tout cela contribue à créer un décor soigneusement conçu, réaliste et profondément immersif. Ce deuxième volume de Contrapaso ne se concentre pas uniquement sur le monde du cinéma, mais intègre également une critique virulente du système de censure, de la collusion entre l'Église et l'État, et des mouvements spéculatifs entourant les élites du régime. Valero a déclaré vouloir inclure « une histoire de femmes mortes, de violence et d'espoir », comme le souligne l'écrivaine Marta Sanz dans le prologue. Avec une couverture aux nuances de bleu contrastant avec le rouge du premier volume, Valero a révélé que les couleurs représentent en partie les personnages : le rouge évoque Emilio Sanz, le bleu León, et pour le troisième, peut-être un jaune lié à Paloma. L'auteure a déjà en tête le dénouement de la trilogie, qui se concentrera sur la résolution des crimes et montrera le destin des personnages à l'avènement de la démocratie.

VERDICT

-

Ce tome de Contrapaso est bien plus qu'un thriller graphique. C'est une œuvre qui parle de blessures ouvertes, de contrastes sociaux, de mémoire et aussi de tendresse. Teresa Valero démontre une fois de plus que la bande dessinée est un outil puissant pour comprendre notre passé, réfléchir au présent et interpeller le lecteur sans jamais perdre le lien émotionnel.

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