Spring Breakers
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 10 Juillet 2013
Résumé | Test Complet
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


7.5/10

Réalisé par Harmony Korine.

Amies depuis l'enfance, Brit, Candy, Cotty et Faith rêvent d'aller faire la fête durant leur Spring Break. Totalement fauchées, elles décident d'aller braquer un fast-food, et de s'enfuir avec l'argent vers la Floride. Mais ce n'est pas tout. Lors d'une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police.  En bikini et avec une gueule de bois évidente, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Allen (James Franco), un malfrat et rappeur local qui les prend sous son aile. Peu de films aujourd'hui, pour ne pas dire aucun, parviennent à empoigner les pires excès et rebuts de l'imagerie de consommation contemporaine (clips de hip-hop MTV, pubs, vidéos YouTube, photos de soirées facebook, porno hardcore, nostalgie instantanée style Instagram, le GhettoMySpace de Dan Goodman, carte postale, jeu vidéo, cinéma hollywoodien, etc.) comme le fait Spring Breakers. Il s'agit d'en presser, d'en compresser la chair digitale, glacée, pour en extraire une sève critique acide, d'en tailler des petites boucles narratives à faire virevolter dans un montage tantôt hoquetant tantôt ample, à faire tournoyer sur elles-mêmes, autant de petites gélules lysergiques dont le bad trip s'achèvera dans un tunnel meurtrier, d'en ravaler jusqu'au dégoût de la répétition pour s'en inoculer la nausée générationnelle. Il est intéressant de noter comment le film est positionné sur le marché, avec sa bande annonce racoleuse mais complètement mensongère. En vérité, on a pas le temps de s'attarder sur les bikinis, de jouir de ces corps filmés dans des ralentis syncopés, malgré les loops purement musicaux qui les brassent à l'envi, ni même de s'offusquer du matraquage abrutissant des beats concassés de Skrillex.

Le réalisateur Harmony Korine tourne rapidement le carnaval en mascarade, la farce en cauchemar, dans une séquence d'introduction en forme de trauma, que ce film sur la reprise ne cessera de rechercher comme magnétisé (le périple des filles vers la Floride) puis de ressasser jusqu'à plus soif (à répéter qu'elles n'ont jamais été aussi bien, libres, que les gens sont gentils... alors que l'on ne voit que le contraire). Ailleurs, dans l'invention plastique la plus saisissante du film, le climax d'une scène d'orgie dans un appartement se prolonge d'une rêverie tellement saturée d'alcool et de drogues que les visages s'en dissolvent les uns dans les autres dans l'imagination des filles roulant vers le commissariat, des images qui figurent une suite de tableaux flottants, sorte de Francis Bacon datamoshés. L'intrigue bascule dans sa seconde moitié autour de la figure du gangster incarné par James Franco dans un schéma étrangement proche de  The Master avec son tutorat perverti, son schéma d'influence et de domination qu'il fait mine d'installer avant de le saper de l'intérieur, son goût pour le moderne, pour l'ellipse opaque. Sur le plan moral, Korine est proche de la position de moraliste aigu du Gus Van Sant de Elephant et Paranoïd Park, mais parvient à nuancer la pose avec une mise en image à l'opposé de l'indolence trompeuse des images du regretté Harris Savides. Il se tire de sa position paradoxale envers ses personnages en aimant les corps de ces filles (à commencer par celui de sa femme Rachel) et en aimant les filmer, tantôt platement comme dans la pire comédie de studio, tantôt sous toutes les coutures imaginables

VERDICT

-

Spring Breakers est un film déroutant, mélangeant comédie pour ados, titre de gangsters et même une pointe de documentaire. Ne vous fiez surtout pas à la bande annonce qui ne correspond pas du tout au réel univers du long métrage.

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