Avec Carmen Bond (1983), Alfonso Font, auteur aux multiples facettes et à l'aise dans tous les genres de la bande dessinée, a abordé la bande dessinée érotique pour répondre à une demande de son éditeur. Le nom du protagoniste provient de la combinaison de Carmen Jones (le personnage de Carmen de Bizet) et de James Bond (le célèbre agent secret créé par Ian Fleming). L'auteur a précisé dans une interview qu'il n'était pas particulièrement intéressé par l'érotisme à l'époque, raison pour laquelle la bande dessinée n'a donné lieu qu'à quelques histoires. Carmen Bond est une jeune fille riche qui s'ennuie beaucoup. Elle passe ses journées à se lamenter dans l'impuissance la plus totale. Une de ses amies décide de lui présenter un saint homme indien, un certain Rawalhandi Peshawarati, qui, selon elle, peut rendre sa vie plus joyeuse et plus excitante. Le saint homme s'avère être tout sauf un ascète, mais il parvient à rendre les journées de la belle Carmen plus pétillantes en recourant à une étrange amulette indienne, connue sous le nom de "boules de Bouddha". L'amulette fait entrer Carmen Bond en transe et lui fait vivre une série d'aventures érotiques dans des époques et des contextes différents. Nous pouvons ainsi admirer notre héroïne dans l'Égypte ancienne ou au Moyen Âge, aux côtés de Tarzan ou au milieu d'une guerre moderne entre les États-Unis et l'Union soviétique.

Les histoires sont évidemment de simples divertissements sans grande prétention, pleins d'humour et d'érotisme mais sans grand engagement. Les événements se déroulent en quelques pages, généralement quatre planches, juste le temps pour Font de mettre ses héroïnes à nu. Les dessins de Font sont comme d'habitude très bien faits ; dans ce cas, les hachures sont réduites à l'essentiel, étant conçues pour la mise en couleur. Dans les années 1990, Font a dessiné la première aventure du chasseur de fantômes John Sinclair pour la maison d'édition Bastei. Dans Carmen Bond, l'Espagnol (né en 1946 à Barcelone) se montre sous un autre jour : survolté et teinté de satire, avec des hommes qui ne font pas bonne figure. A noter que cette nouvelle édition signée Tabou comprend une histoire bonus de 14 pages mettant en scène Demonika, un personnage pour la première fois apparu en 2003 dans le magazine Heavy Metal.