Saint-Germain-des-Près. La nuit s'enivre à longues rasades de saxophones mélancoliques et de Dior chiffonné. Tapi dans cette insouciance à fleur de velours, un fou, quelque part, s'est mis à frapper. Les glaçons du cauchemar teintent soudain dans le cristal de Bohème. Saint-Germain-des-Près est devenu Saint-Germain-des-Morts.

Saint-Germain des Morts est la réédition d'un album paru en 1985 chez Bédéscope. Le détective privé mis en scène est réapparu depuis en 2000 dans "Un privé en enfer" chez Casterman. Nous voyons ici des dessins réalistes, où l'artiste se limite à ce qui est vraiment important. Les personnages ont quelque chose de caricatural : le but premier du dessinateur est de caractériser, sans exagérer. Malgré l'utilisation de collages et de points, les lignes et surtout les rayures sont les plus frappantes. Les dessins font penser à des gravures ici et là, ils ne sont pas vraiment beaux mais surtout personnels. Nous sommes toujours surpris de constater que seule la représentation de l'essence peut conduire à des résultats aussi différents. Hugo Pratt et Hans Kresse (en vieillissant) ont fait la même chose, mais ... à quel point c'est différent. L'histoire est moins distincte que les dessins, mais elle n'est certainement pas moyenne. C'est principalement l'atmosphère qui en est la cause. Un milieu artistique, quelque peu décadent, une étrange famille débordant de spleen (et de ratages) dans lequel la folie frappe. Les meurtres qui en résultent doivent être résolus par le détective Richard Dombret.