Atan est un adolescent taciturne qui vit avec sa sœur et leurs parents sur l'île de Kea, l'une des îles des Cyclades, un groupe d'îles grecques de la mer Égée. Atan peut passer des heures chaque jour à fabriquer toutes sortes de figurines en argile. Il est clair qu'il a un talent naturel pour cela. Il possède non seulement la dextérité, mais aussi l'inspiration nécessaire. Les parents décident de le mettre en apprentissage pendant un an auprès du maître Dario, un sculpteur réputé de l'île de Naxos. Le grand changement pour Atan est qu'ici ils ne travaillent pas avec de l'argile mais avec de la pierre, qui à Naxos est du marbre et de la pierre ponce. Sur les pierres qu'il doit ramasser avec son camarade Rivo, maître Dario leur apprend d'abord à sentir ce qu'on appelle le "cœur du marbre" et à voir les bonnes proportions, puis la technique qui consiste à taper et à poncer la pierre pour créer l'image qu'ils y ont vue. Dario découvre qu'Atan a d'autres talents que de tailler de petites statues classiques de déesses et il le laisse s'attaquer à de plus grosses pierres. C'est un grand honneur. Dario arrive alors à la conclusion qu'Atan est prêt à commencer à travailler sur un cœur en marbre grandeur nature...

L'histoire se déroule à l'époque où l'art cycladique jouissait d'une grande renommée, entre 3 500 et 2 000 avant J.-C., avec principalement les petites figurines féminines typiques en marbre blanc. C'est là que nous faisons la connaissance d'un jeune qui s'épanouit pleinement lorsqu'il peut s'adonner à un travail manuel qui le séduit et dans lequel il est compétent. Outre le processus technique de création d'une figurine, l'histoire nous fait prendre conscience que tout le monde a besoin de respect et de pouvoir se développer dans une compétence ou une autre. Les talents cachés peuvent ainsi se transformer en art. L'album a été créé dans le cadre de la collection de bandes dessinées du Louvre. Les dessinateurs peuvent s'inspirer des œuvres d'art du Louvre ou faire jouer au musée lui-même un rôle dans une histoire. Judith Vanistendael avait accepté la demande d'y participer en décembre 2020 et a été fascinée par la collection d'art cycladique lors de ses visites au Louvre. Elle s'en est inspirée pour cet album dont le scénario, les dessins et les colorations méridionales sont de son cru.