21 décembre 1989. Ceausescu prononce un discours devant une foule rassemblée de force dans la Place de la République à Bucarest. Mais au lieu des acclamations ordonnées, on entend de plus en plus de voix qui huent - pire, le discours est retransmis en direct à la télévision, de sorte qu'un pays entier entend les huées et les cris avant que, après quelques minutes de confusion, la retransmission ne soit coupée. C’est le moment où les rumeurs des événements de Timisoara ont pris de l'ampleur, le moment où tout le pays a vu que "le roi est nu". Les forces de répression de la Securitate sont intervenues et certains des "instigateurs" ont été arrêtés. Peu à peu, une des cellules de la Securitate se remplit de gens : une secrétaire, un étudiant raté, un poète du prolétariat, un paysan devenu clown, une femme de ménage, un agent de la police politique déguisé et un... veneur.

Qu'ont en commun tous ces gens ordinaires, qui semblent très éloignés du profil habituel d'un révolutionnaire ? La réponse se trouve dans l'histoire cadre de cet album à 7 personnages, 7 histoires indépendantes et un portrait kaléidoscopique, parfois drôle, parfois cruel et absurde de l'époque d'or du “communisme à la roumaine” vu par un reporter qui a recueilli aussi bien d’histoires vraies que des légendes urbaines. Aurélien Ducoudray est cet ancien reporter devenu scénariste BD, et dans "L'Ours de Ceausescu" il prouve que dans toute vérité il y a une histoire qui mérite d'être retenue.. Parlant de couleur et du dessin, Henry et Bona ont exactement la dose de folie nécessaire pour ce livre. Excellent.