Beastars est une série récemment conclue au Japon et qui a connu vingt-deux tomes aux éditions Akita Shoten. Dans un monde peuplé d'animaux anthropomorphes, herbivores et carnivores coexistent. Pour les adolescents de l'école Cherryton, la vie scolaire est pleine d'espoir, de romance, de méfiance et de malaise. Le personnage principal est Legoshi le loup, membre du club de théâtre. Malgré son apparence menaçante, il a un cœur très doux. Pendant la majeure partie de sa vie, il a toujours été un objet de peur et de haine des autres animaux, et il était très habitué à ce style de vie. Mais bientôt, il se trouve de plus en plus impliqué avec ses camarades de classe qui ont leur part d'insécurité et découvre que sa vie à l'école change lentement. Beastars est un titre atypique, tant pour la conception de son univers que pour son développement. Un imaginaire dont les protagonistes sont des animaux anthropomorphes dans une société construite par et pour eux. Le travail de Paru Itagaki joue avec les tropes originales de ses personnages pour les utiliser à son plus grand plaisir ; tantôt il choisit de ne pas les altérer et donc de façonner leur psychisme, tantôt il n'hésite pas à les retourner et à se distancer, créant ainsi des figures éloignées de leurs véritables homologues, comme c'est le cas de Legoshi, le protagoniste de la fiction. Beastars utilise comme élément narratif l'organisation et l'exécution d'une œuvre théâtrale et, comme s'il s'agissait d'une comparaison, la prémisse même et la confrontation entre carnivores et herbivores n'est rien de plus que cette scène lumineuse habitée par des acteurs. Dans les coulisses, le véritable message sous-jacent est forgé et attendu, celui qui donne de la valeur. Des aspects tels que le classisme, la discrimination, la marginalisation ou la lutte pour calmer les instincts les plus fous sont très évidents pendant la lecture. Parce que Beastars est un drame de droit. C'est la jeunesse. Et, après tout, c'est un reflet parfait de notre société.

Vingt-et-unième tome de "Beastars", en plein combat final. La bataille pour le territoire a commencé et avec elle, la descente de Melon dans la folie. Les clans du marché souterrain sont en concurrence. Chaque groupe revendique ses droits avec des torches alimentées par le sang de sa propre espèce. Mais une odeur étrange s'insinue, comme du sang de carnivore et d'herbivore brûlant ensemble. C'est Legoshi qui porte ce flambeau. C'est la flamme du serment que Louis et lui ont scellé à la veille du duel en mêlant leur sang. La confrontation décisive contre Melon approche. Que la bataille finale commence ! La lumière qui unit les carnivores et les herbivores éclairera-t-elle la voie vers un nouvel avenir pour la société animale ? Comme le reconnaît Paru Itagaki à la fin, on a l'impression de petits affrontements séparés plus que d'une bataille générale. On voit les varans de Komodo puis le gang Inari affronter Legoshi, le gang des lions contre le gang tacheté mais malgré le suspense et l'humour, on n'accorde pas vraiment d'importance à tous ces duels d'ailleurs vite expédiés. Le vrai combat, celui qu'on attend et dont on ne connaît toujours pas l'issue, c'est celui entre Legoshi (et Louis) et son adversaire Melon qui s'impose comme un adversaire très charismatique. Pourtant, paradoxalement, nous avions tendance à préférer l'inventivité de la mangaka dans les tomes précédents, quand Legoshi quittait l'institut Cherryton pour faire sa vie et découvrait ses colocataires, entrait dans la vie active, que maintenant, où on a parfois l'impression de redites alors que les coups pleuvent. Il s'agit déjà de l'avant-dernier volume et c'est également étrange tant l'univers est riche. Certes le duel final était prévisible, et on revoit brièvement certains personnages qui ont jalonné la série, mais au terme de ces différents parcours initiatiques, on se demande si le vingt-deuxième tome saura apporter un ensemble de conclusions et de réponses satisfaisantes.