Benjamin et Romy sont en couple, ils s'aiment, lui est artiste, sculpteur, elle est sa muse. Au retour d'une de leurs escapades, ce bonheur dérape : une voiture percute la leur, le choc est violent, le réveil pour Benjamin d'autant plus douloureux que Romy est plongée dans le coma. Au moment de l'accident, il regardait une des photos prises avec son portable. Sur ce cliché, une jeune femme allongée sur la plage. Tandis que la situation de sa compagne ne lui laisse que peu d'espoir, la quête obsessionnelle de l'inconnue va lui insuffler une énergie nouvelle. A travers elle, il vit par procuration, espère, se leurre aussi. Benjamin va alors entreprendre un parcours improvisé jusqu'à se jeter à l'eau, avec toute la force symbolique que revêt cet acte : oser évidemment, se laver aussi de ce qui nous a entaché et se libérer de ce qui nous colle trop à la peau, enfin naître et même renaître.

Le trait brut et pictural, le découpage qui se fait lancinant, l'image en guise de métaphore et la puissance évocatrice du dessin de Bonneau subliment ce roman graphique bouleversant sur la perte, l'attente, l'espoir. L'étreinte, c'est cet étau qui nous enserre et nous étouffe après un choc. C'est aussi ce contact qui réconforte et soulage. Une très belle et triste histoire…. Qui fait réfléchir… Il y a quelque chose de très cinématographique dans cette bande dessinée. On contemple longuement certaines pages. On y revient. Et on contemple encore.