Spirou - L'espoir malgré tout quatrième partie
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 20 Mai 2022
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Bande dessinée
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Redaction


8.5/10

Scénario et dessin : Emile Bravo Couleurs : Fanny Benoît

Fantasio est en train de faire sauter un train de troupes pour le compte de la résistance belge. Spirou a cependant appris que le train ne transportait pas des troupes mais des déportés et tente d'arrêter son ami. Par une heureuse mésaventure, ils deviennent même des héros de la résistance. Mais cela leur est-il utile lorsque la Belgique est finalement libérée et que des dénonciateurs se font passer pour des résistants et que des opportunistes et des collaborateurs tentent de réécrire l'histoire ? Spirou espère en tout cas recevoir des signes de vie de sa fiancée disparue et de ses amis.

Avec ce quatrième tome, la série spéciale Spirou l'espoir malgré tout se termine. Rappelons brièvement que les hors-séries de Spirou permettent aux créateurs de s'emparer des personnages connus de l'univers de Spirou, mais de les utiliser sous un autre angle et de les transposer à d'autres époques, ce qui leur confère un peu de fraîcheur et met en lumière d'autres aspects thématiques qui n'auraient pas leur place dans la série proprement dite. Ainsi, L'Espoir d'Emile Bravo se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale et jette un regard sur la Belgique sous l'occupation allemande et sur la manière dont Spirou et Fantasio s'engagent dans la résistance et sont également confrontés à l'Holocauste. Comme il se doit après le cliffhanger du troisième tome, le quatrième volume commence exactement là où on a laissé ses héros. Fantasio veut faire sauter un train pour le compte de la résistance, ce que Spirou veut empêcher car il a appris que ce train ne déplaçait pas de troupes mais transportait plutôt des prisonniers. Bravo commence par une séquence extrêmement tendue et par une discussion morale sur le fait de savoir si, en temps de guerre, il est permis de commettre un attentat contre un transport de troupes. S'agit-il d'un acte de guerre ou d'un meurtre ? Toute la série suivait strictement le point de vue de Spirou, qui est toujours confronté à des opinions divergentes. Cela pouvait parfois être un peu agaçant ou ennuyeux pendant la lecture, car Spirou, avec sa naïveté, nous paraissait extrêmement irréaliste. Bon, certaines choses sont connues dans la rétrospective historique et on ne peut pas dire, avec le recul du temps, ce que Spirou, en tant que citoyen belge, pouvait savoir ou non de l'Holocauste.

En tout cas, Spirou veut toujours voir le bien et est contre toute forme de violence. Ce pacifisme rigide n'est bien sûr pas sans danger en temps de guerre. Mais les dernières pages expliquent la position de Spirou et le titre de la série spin-off. C'est justement face à toute cette violence, ce cynisme, ce racisme et ces horreurs vécues ou entendues que Spirou s'accrochait à la bonté de l'homme, parce qu'elle lui donnait et lui donne encore de l'espoir. Sinon, ce serait désespérer du monde, et ce n'est pas ce qu'il veut. La naïveté n'en est donc pas une au fond, mais un mécanisme de protection, ce qui, compte tenu du contexte historique, a nécessité un effort extrême. Bravo n'hésite pas non plus à aborder quelques sujets brûlants qui font encore l'objet de discussions et de controverses en Belgique aujourd'hui. On s'étonne d'abord à la lecture qu'après la scène du train, il y ait un grand saut dans le contenu et dans le temps et que les derniers jours de la guerre ne soient pas décrits. Cela s'explique d'une part par le fait que l'on suit strictement Spirou et que l'on ne voit donc que ce qu'il vit, mais il faut aussi de la place pour le thème de la collaboration. Non seulement en France, mais aussi en Belgique, la résistance et la population ont pris leur revanche sur les collaborateurs. Il n'est guère surprenant qu'il y ait eu des opportunistes. Après la guerre, tout le monde voulait avoir été actif dans la résistance, ce qui ne peut pas être vrai au vu du nombre réel de résistants. C'est un thème qui est abordé ici, tout comme l'opportunisme et le sentiment de culpabilité des dénonciateurs ou, justement, le manque de discernement des cent pour cent. Mais le colonialisme belge est également abordé et le fait que les crimes de la Belgique au Congo sont tout à fait dans la même ligne que ceux des nazis. Cela a sans doute ouvert quelques plaies en Belgique. Mais il ne s'agit pas d'une leçon, mais d'une aventure passionnante et bouleversante qui reste un divertissement et qui laisse de côté certains aspects cruels. On entend parler des horreurs, mais on ne les voit pas. Cela concerne par exemple le sort du peintre juif, qui est d'ailleurs historiquement réel. Il n'en reste pas moins que toute la série dérivée est un jalon et qu'il faut la recommander à tout le monde, au plus tard maintenant.

VERDICT

-

La série est inhabituelle, même pour les spin off de Spirou, et arrive à une fin qui ne peut certes pas être qualifiée de conciliante, mais qui explique le titre et le caractère du héros. Passionnant, émouvant, critique, mais avec un humour chaleureux. A saisir.

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