Berlin 1961. Kathleen Van Overstraeten, une femme active, emprunte un moyen de transport que l'on ne trouve plus guère de nos jours : un train de nuit qui permet également de prendre sa voiture pour le voyage. Dans ce train, Kathleen rencontre la musicienne Annelore Schmidt. La vision terrifiée de la jeune femme ne laisse pas Kathleen indifférente. Aussi, lorsque la musicienne laisse son violon dans le train, Kathleen a le sentiment que c'est elle qui doit rendre l'instrument, même si elle doit se rendre dans la turbulente Berlin-Est pour le faire. Ceux qui suivent Kathleen depuis un certain temps savent qu'elle nous a déjà guidés indirectement à travers l'histoire de la Belgique grâce à ses aventures tout à fait personnelles. Bien que le train en question traverse brièvement la Belgique, Kathleen quitte pour la première fois complètement la scène belge. Le lien avec ses origines belges perd momentanément de son importance et ne se manifeste que par la familiarité de Kathleen avec le mode de vie occidental. Un détail qui n'est pas si négligeable, car cet album traite principalement de la dichotomie entre l'Est et l'Ouest.

Hormis l'incursion à l'étranger, il s'agit d'une histoire classique de Kathleen Van Overstraeten. L'historien de l'art Patrick Weber fait ce qu'il aime le mieux. Depuis pratiquement le début de sa carrière de scénariste, il crée des histoires solides, sans fioritures inutiles. Le cadre historique qu'il évoque n'a pas besoin d'éléments supplémentaires, semble-t-il penser à chaque fois. Cela donne des albums sans complexité, qui devraient se distinguer par leur simplicité. Et c'est ce qu'ils font. C'est une solidité sans complication. L'une des raisons pour lesquelles l'histoire de Weber résonne si bien est la symbiose, une fois de plus parfaite, avec le dessin de Baudouin Deville. Peu d'illustrateurs aujourd'hui maîtrisent le style de la ligne claire avec autant de naturel que cet homme. Surtout en combinaison avec l'utilisation apaisante de la couleur qui correspond toujours si bien à l'époque dépeinte. Il est frappant de constater à quel point la création du personnage de Kathleen Van Overstraeten a rehaussé la qualité de son travail. C'est comme s'il avait trouvé une raison d'être. Bien que la ligne claire soit également présente dans le triptyque Destination Pérou avec lequel Deville a commencé sa carrière, la qualité de sa collection Kathleen est bien supérieure à celle de cette œuvre.